Le cancer colorectal, c’est le troisième cancer le plus fréquent en France (après le sein et la prostate), mais aussi le deuxième en termes de mortalité. Chaque année, selon Santé Publique France, on diagnostique près de 47 000 nouveaux cas dans le pays. Environ 18 000 personnes en meurent chaque année. Pourtant, détecté tôt, ce cancer se guérit dans 9 cas sur 10 – un chiffre qui change tout quand on pense à l’avenir d’une famille.
En Corse-du-Sud, on l’observe chaque année : le nombre de cas détectés reste significatif, même si notre population est moins dense qu’ailleurs. L’insularité, parfois, complique l’accès à la prévention, mais nous savons que le dépistage sauve des vies, et c’est ensemble que nous pouvons faire reculer le cancer.
Sur le terrain, bien des gens me disent ressentir une forme de tabou, voire une certaine gêne à parler de ce sujet. Pourtant, se faire dépister, c’est prendre soin de soi, et de ceux qui comptent.
Vous vous posez la question de savoir si vous êtes concerné ? Le dépistage organisé s’adresse à toutes les femmes et tous les hommes de 50 à 74 ans, sans symptômes particuliers, sans antécédents personnels ou familiaux majeurs de cancer colorectal.
Cette recommandation nationale concerne près de 17 millions de Français, mais le taux de participation reste, hélas, insuffisant. En Corse, ces dernières années, seulement 32% des personnes invitées ont réalisé le test (source : CRCDC Corse, chiffres 2022), alors que l’objectif fixé est de 65%.
Le test de dépistage du cancer colorectal cherche des traces microscopiques de sang dans les selles : c’est le test immunologique. Ce sang n’est souvent pas visible à l’œil nu mais il peut être le signe d’une lésion précancéreuse (polype) ou d’un cancer, à un stade précoce. Le grand avantage, c’est sa simplicité et l’absence de gêne : le test se fait à la maison.
Une fois le test réalisé, il suffit de déposer ou renvoyer l’enveloppe fournie. Les résultats arrivent sous quinze jours maximum. Ce n’est pas un examen douloureux, il ne met pas mal à l’aise, il respecte la vie privée et la dignité.
Sachez aussi que lors de campagnes annuelles (mars bleu, semaine de prévention), la Ligue contre le Cancer et le CRCDC tiennent des stands d’information dans les hôpitaux d’Ajaccio, dans certaines mairies ou au sein du centre hospitalier de Sartène.
L’essentiel : il n’y a pas de douleur, pas de manipulation compliquée, ni de matériel à nettoyer. Et si un doute subsiste, le pharmacien, le médecin ou les bénévoles lors des campagnes de prévention peuvent vous rassurer.
Deux possibilités :
En cas de test positif, un rendez-vous est proposé rapidement avec un gastro-entérologue, pour une coloscopie. Cet examen, plus précis, permet de vérifier s’il y a vraiment une lésion cancéreuse ou non, et de la traiter très tôt si besoin. La coloscopie est réalisée localement à l’hôpital d’Ajaccio ou à la clinique du Golfe.
En 2021, sur 100 tests positifs réalisés en Corse-du-Sud, environ 55 coloscopies ont permis d’enlever un polype avant qu’il n’évolue et 8 nouveaux cancers ont été détectés à un stade précoce (CRCDC Corse, rapport annuel).
Chaque année, des ateliers, conférences ou stands sont ouverts au public, notamment à Ajaccio, Propriano, Porto-Vecchio et Bonifacio.
Un mode de vie équilibré – ce n’est jamais une garantie zéro, rien n’est magique – mais cela réduit de 30 à 40% le risque de développer un cancer colorectal, selon l’OMS et la Ligue contre le Cancer.
Beaucoup hésitent à franchir le pas du dépistage, souvent par crainte ou envie de reculer. Pourtant, chaque test réalisé, c’est une chance de plus pour éviter des traitements lourds, pour avoir l’esprit tranquille, et pour donner l’exemple autour de nous. Dans les familles corses, proches et amis comptent : parler du dépistage, c’est aussi prendre soin les uns des autres.
Le secret reste simple : chacun peut agir, à son rythme. Et quand on se mobilise localement, en informant, en accompagnant, en faisant le test, on fait reculer le cancer colorectal un peu plus chaque année. C’est une force collective.
Osez demander le test : à votre médecin, à votre pharmacie, ou en ligne. Faites-le pour vous, pour ceux qui vous aiment, pour la Corse-du-Sud. C’est déjà un grand pas.
Pour en savoir plus : Institut National du Cancer (Lien), CRCDC Corse-du-Sud, Ligue contre le Cancer 2A.
